Il y a une différence entre connaître le chemin, et arpenter le chemin…

Salut !

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Lors de mon arrivée au Sanctuaire del Canoscio, je n’ai pas été de suite hébergé. Souvenez-vous, les.novices ne pouvaient pas décider seuls. La décision appartenait au père supérieur. Que j’ai eu au téléphone. Il a donné son accord après m’avoir posé quelques questions. Je n’ai pas compris pourquoi cela a pris tant de temps puisque le sanctuaire franciscain figure sur ma lite d’hébergement pour pèlerins. J’ai d’ailleurs répété plusieurs fois aux novices que je comptais payer ma chambre.

Quelques minutes après ce coupe de fil, sont arrivés plusieurs franciscains, menés par un père. Une fois informé de la situation, celui-ci donne son accors à son tour. Le monsieur qui m’a amené me montre un jeune franciscain et me dit qu’il est Français. C’est Frère Joseph. On sympathise très vite. Ça me fait du bien de pouvoir discuter en français. D’autant plus que ce jeune franciscain emploie des mots d’argot… je n’en ai plus entendu depuis bien.longtemps ! 😉

Il a marché sur les chemins de St Jacques et comprend mieux ma situation et ce dont j’ai rapidement besoin. Grâce à lui, je suis accompagné dans un dortoir vide. Et on m’offre un bon repas. Chaud, de surcroît ! Pour moi, est le luxe ! Il y a des pâtes au parmesan, de la.viande, de la.salade, et un très gros morceau de fromage. Tout ça rien que pour moi ! Frère Joseph m’explique qu’ils vivent de dons. Et que ce qu’ils m’ont offert à manger leur a aussi été donné.

On se met d’accord pour se voir demain matin. Il me propose de m’apoorter du café. Il me dit aussi que je peux rester plusieurs jours si je veux me reposer. Mais comme j’ai dit au père supèrieur que je ne restais qu’une nuit, je ne veux pas revenir sur ma parole. C’est étrange de voir ce jeune de 27 ans se soucier de moi bien plus que ses confrères plus âgés. « Il y a une différence entre connaître le chemin, et arpenter le chemin. » 😉

Le ballon d’eau chaude venant d’être branché, j’ai le temps de manger avant de me doucher. Tout ce qui est devant moi est délicieux ! Je me repasse avec émotion cette longue journée. Les moments difficiles. Les moments où j’ai couru pour sortir des bois avant la nuit. Les rencontres. Le goût de l’eau fraîche que le propriétaire de l’agriturismo m’a fait boire. Le goût de cette figue que j’ai cueilli en passant. Le goût des pêches offertes par Léna et Michelangelo. Tout était incroyablement bon. Dans quel état d’esprit étais-je pour ressentir aussi profondément ces bonheurs simples ? Je suis encore plus ému en pensant au jeune homme qui a demandé à son père de m’amener en voiture. J’avais une chance sur mille pour qu’une personne soit encore dehors à l’heure où je passais ! Merci 1000 fois !!!

Au petit matin, je n’ai pas envie de me lever. Encore moins de marcher. J’ai mal aux pieds. Voilà qui ne.m’était pas arrivé depuis un moment. Mais je n’ai pas le choix, Frère Joseph m’attend. Je le retrouve comme prévu. Il porte une petite caisse avec tout ce qu’il faut pour un petit déjeuner. Je n’ai envie de rien. A part d’un café pour me secouer un peu. Je serai bien resté au lit. En plus des pieds, j’ai très mal au sciatique.

Frère Joseph a donc 27 ans. Et a déménagé… 27 fois dans sa vie ! Je vous laisse calculer la moyenne annuelle. Il y a deux ans, il a décidé d’aller à Jérusalem à pied. Sans argent, sans rien. Avec l’aide des personnes rencontrées il a pu aller jusque dans le talon de la botte que représente l’Italie. Comme St François d’Assise, et comme beaucoup de nos contemporains, il cherchait sa voie. S’interrogeant sur ce qu’il devait faire de sa vie. Il n’est pas allé à Jérusalem. Il a vivoté en Italie. Dans les alentours du Vatican, d’abord. Avant d’élire domicile dans une cabane à quelques kilomètres de Rome. Là encore, la population l’a aidé. Avant d’entrer chez franciscains. Et d’y être heureux. Car il est. Ça se soit. Ça s’entend.

Avant de le quitter, il me propose de prier ensemble devant une image de la Vierge. Elle aurait des vertus miraculeuses. Il me suggère de demander la guérison de ma sciatique. J’ai d’autres choses à demander….

Notre rencontre s’achève devant le sanctuaire où il a accepté de poser pour une photo qui me tient à coeur. J’emporte aussi un -gros !- livre relatant la vie très particulière (le mot est faible) de Maximilien Kolbe. Ce n’est pas très raisonnable de ma part de me.charger d’un si gros ouvrage. A un moment où je me sens fatigué. Mais Frère Jospeh et moi croyons aux rencontres plutôt qu’au hasard…

Une bien belle, et surprenante rencontre. On se salue. Je reprends ma route, le corps voûté par le poids de mon sac qui m’écrase littéralement. Mais mon coeur, lui, est léger. Il sait que ce que j’ai vécu hier soir a une valeur inestimable. Il en profite pour rappeler à mon esprit que ça faisait partie des choses que je voulais vivre.

Prenez soin de vous, et à bientôt !

Mahdi du Camino

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12 réponses à Il y a une différence entre connaître le chemin, et arpenter le chemin…

  1. Danièle Miny dit :

    J’ai remarqué, dans la vie, lorsque que tu vis un coup dur inutile (remarque un coup dur, c’est un coup dur), il y a toujours (si tu es sur le bon chemin) un cadeau de la vie comme pour te rappeler que tu n’es jamais seul… et disons-le: protégé ! Bonne route et surtout bonne santé.

  2. Jean Marc dit :

    les belles rencontres du chemin…..les hasards du chemin !!…..pour les douleurs, une philosophie dit :
    « Aucune épreuve ne nous est infligée que nous ne soyons capable de surmonter !! »
    Je pense que tu nous en fais la démonstration !!
    bonne route !!

  3. isabelle dit :

    bonjour Mahdi,
    à mon avis, les rencontres avec les Franciscains sont quand même souvent profondes et ce chemin vers Assisi reste assez « authentique ». J’ose espérer que ta douleur s’atténue avec le temps mais tu seras peut-être arrivé à destination!?
    bon courage

    • Salut Isabelle,

      A partir de La verna, il y a un déclic qui se fait. On sent qu’on bascule sur un chemin chargé d’histoire, de sacré. En revanche, avant, sur La Via Francigena, zéro pointé aux franciscains de Fidenza et au prêtre franciscain de Maranello. Pour ce dernier, un triple zéro.

      Dieu sait que j’affectionne particulièrement les franciscains, mais force est de reconnaître que je suis tombé sur des bien décevants cette année. C’est la vie.

      Les autres ont rattrappé le coup pour leurs « frères ». Mais du propre aveu de certains franciscains, la faute principale est, pour ceux que j’ai cités, de penser d’abord à l’argent et au pouvoir. Mais ça, on le sait…. 😉

      Je reste sur mes belles rencontres.

      Bonne soirée, et merci !

  4. Nicole dit :

    Tu me touches au cœur Mahdi. Je ne pense qu’à repartir et je le ferai. Merci de nous partager ces beaux et moins beaux moments. Dans la vie de tous les jours c’est ça aussi. Il vaut mieux se rappeler les beaux moments et que la vie continue. Je t’aime et tu es très courageux. Bisous xxx

  5. Maurice dit :

    Salut mon Mahdi.
    Le sentiment que tu ressent te fais ressentir comme un malaise, un désagrément comme si quelque chose te serais enlevé, une perte de jouissance à venir quoi.
    Le plus beau est à venir puisque hier est terminé. De bel rencontre tu feras. Bon chemin mon ami.

  6. C’est un mélange de sentiments contardictoires, qui évoluent au gré de la journée.

    Pour le moment, je profite de cette terrasse où je suis, qui m’offre une belle vue de Perugia animée. Assise, c’est demain. Et comme tu l’écris, avec d’autres mots, le meilleur est à venir.

    Baci, amico.

    E buona giornata !

  7. Brard jacqueline dit :

    Quelle belle rencontre! Tu me fais un plaisir fou en lisant de bon matin tes résumés! Je les partage et la force revient! C’est magique. Bravo encore de prendre le temps du partage: merci et le bout de la route est proche.

  8. Ça me fait le même effet quand je partage. Les moments où j’avais un coup de fatigue, ça me permettait de repartir regonflé.
    Bisous, et bonne journée !

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