Choisir son enseignant…

Salut !

Chaude journée que celle d’aujourd’hui ! Le soleil a commencé à travailler très tôt. Comme je devais renvoyer mes chaussures et saluer Paulo, le monsieur à la boutique d’alcool qui m’a sacrément aidé durant le weekend, je ne pouvais pas quitter Piacenza avant 9h30. C’est à peu près à cette heure-là que je me suis mis en route. Ou Plutôt, sur la route.

Oui, car je n’ai marché que sur la route. Toute la journée. Ça ne m’a pas dérangé plus que ça. Mon esprit était dans… mes pieds. Comment allaient-ils réagir aux nouvelles chaussures ? De plus, le paysage n’offrant rien de particulier à regarder, je n’avais qu’à avancer. Une vingtaine de kilomètres à faire.

Sur ma droite, au loin, la chaîne des Apennins tente de me séduire. Elle sait que j’ai décidé de la snober. A gauche, l’horizon est plat et sans intérêt pour le moment. L’agriculture change. Il y a du tournesol, mais surtout beaucoup de champs de tomates. Un couple de cyclistes s’arrête pour en cueillir. On se salue. Un autre cycliste est sur le chemin. Il s’arrête à ma hauteur. On discute de nos destinations. Il va à… Auschwitz. Encore plus de 1000 kms à parcourir. On se souhaite bonne route.

Il fait de plus en plus chaud. Ça me motive encore davantage. Curieusement, je transpire très peu du visage. Mon tee-shirt, lui, est vite trempé quand je démarre le matin. En quittant Piacenza, il faisait 30° avant 10h. En milieu d’après-midi, le mercure monte encore de 5° !

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La route n’est pas désagréable par rapport à ce que j’ai déjà connu. J’ai près d’un mètre de « piste » pour pouvoir marcher tranquille. C’est suffisant. J’ai droit à des coups de klaxon. Mais c’est pour me saluer et m’encourager. Ça me fait plaisir.

Quand j’arrive à Fiorenzuola d’Arda, il est environ 17h30. Mes pieds me font mal, mais c’est supportable. J’avais décidé de ne pas téléphoner, bien que sur le guide il était précisé « Réservation obligatoire ». Je m’étais dit qu’au pire, je continuerais à marcher. A mon arrivée, on ne me pose pas de question. On me demande juste ma crédencial, ma carte d’identité, et 5 euros. Ça change des grandes villes que je veux de plus en plus éviter. Mais encore une fois, aucune question sur La via Francigena. Sur ma présence ici. Depuis le début, on ne m’a jamais posé de question à l’hébergement…

Qu’à cela ne tienne. Je m’installe et me promène dans cette petite ville pleine de minuscules ruelles. De maisons colorées et d’églises très anciennes. Fiorenzuola a du charme. C’est la première fois que je retrouve un peu l’ambiance de certains films italiens.

Au moment où je rédige cet article, je suis sur les marches de l’église principale. Il y a beaucoup de monde. Je pense qu’il y a eu une oraison funéraire. Un immense corbillard était sur la place à mon arrivée. Il est 21h. Les cloches sonnent. Le ciel semble se couvrir. La foule s’éparpille tout en restant devant l’église. Je ne vais pas tarder à rentrer.

Demain, je quitte La Via Francigena. Un doux mélange d’appréhension et d’excitation m’enveloppe chaque fois que j’y pense. L’Inconnu dont j’avais soif avant de partir est là, devant moi. Je craignais d’être en proie au doute au moment de choisir de quitter, ou rester sur La Via Francigena. Ce ne fut pas le cas. C’est comme si le Chemin m’avait doucement – et douloureusement ! – préparé à prendre ma décision. L’avocat du diable n’a pas eu gain de cause. Je me sens plus fort. Prêt à relever les défis que je me suis lancés.

Je sais par expérience qu’un chemin, quel qu’il soit, n’est jamais un ennemi à combattre. Je le ressens souvent comme une entité vivante. Je pense qu’il faut le percevoir comme un enseignant. Avec une spécialité : nous amener, à sa façon, à faire face à nos peurs.

A bientôt !

Mahdi du Camino

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