Les anges gardiens…

Salut !

Avant toute chose, j’aimerais vous prévenir : ce que j’écris n’engage que moi et mes croyances. Vous avez tous les droits : vous pouvez trouver ça stupide ou marrant. Vous pouvez mettre ça sur le compte d’un bouleversement hormonal dû à un gros et long effort. Comme ça arrive parfois à certains marathoniens. Bref, vous êtes libres de penser ce que vous voulez. 😉
 
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Comme prévu, je suis bien arrivé à Piacenza. Comme prévu, l’étape a été longue. Et comme prévu, j’ai eu mal aux pieds. Par contre, ce qui n’était pas au programme c’est que j’aie AUTANT mal aux pieds ! A l’arrivée, je me suis installé à la terrasse d’un bar car le propriétaire de l’hôtel n’était pas là. Je n’en pouvais plus de rester debout. Au bar, il m’a fallu une heure pour revenir à des douleurs « normales ».

Effectivement, l’étape a été longue. A un moment, j’ai quitté la digue pour un sentier longeant le fleuve de plus près. Ça me demblait une bonne idée. Le kilométrage était sensiblement le même. Sauf que sur la digue, je marchais généralement sur du béton. Ce n’est le top, mais c’est « mouns pire » que les gros cailloux. En revanche, ledit sentier m’en a donné pour mon argent ! Environ 8,5 kms de pierres sur les 9 kms me ramenant au pont de Piacenza. Une horreur. Heureusement, la nature est belle et il règne un calme apaisant. Bien que j’ai souvent eu envie d’hurler. Curieusement, plusieurs fois dans la journée j’ai pensé au livre de Laurent Gounelle « Dieu voyage toujours incognito ». Livre que j’ai beaucoup aimé.

Je vois enfin (!) le fameux pont. Il est très haut et ça circule beaucoup. Je pense à une autoroute. Je passe dessous. Aucune indication sur la direction à suivre. Logiquement, je pars sur la droite. Une petite route se déroule devant moi. Au bout de cette route apparaît un vieux monsieur à vélo. Il est torse nu et devant son guidon siège une petite caisse de légumes qui me rappelle celle du monsieur très sympa de Belgioioso. Celui qui voulait me déposer à Santa Cristina. Donc arrive vers moi cet homme qui doit avoir dans les 80-85 ans. Peut-être plus. D’emblée il me fait penser à mon père décédé il y a près d’un an. Étant dans le doute quant à ma route, je l’interpelle et lui demande la direction du pont. Je suis très fatigué. J’ai tellement mal aux pieds que j’en deviens nerveux. Le monsieur me dit que je dois aller dans la direction opposée. Ce n’est pas possible, me dis-je. Ce n’est pas logique ! Je râle (en français 😉 ). Le vieux monsieur a les yeux qui brillent de malice. J’ai limpression de voir mon père ! Il ne relève pas ma remarque et m’explique calmement, toujours avec son petit sourire en coin, que je dois remonter jusqu’à un rond-point et prendre la piste cyclable menant au pont, Elle sert aussi aux piétons. Je le remercie et m’en vais.

Reste ce curieux sentiment d’avoir « parlé » à mon père. Je me sens tout bizarre. J’ai les larmes qui me montent aux yeux. Je me retourne pour voir ce qu’il fait. Il est censé me dépasser. Quand je me retourne, il a tout simplement disparu ! C’est à n’y rien comprendre. Je me suis tourné dix fois. Je ne l’ai jamais revu.

Le pont est très long. J’ai l’mpression que mes orteils vont casser. J’ai des douleurs que je n’avais pas auparavant. A des ongles, notamment. Je prends sur moi, je n’ai pas le choix. Pas question de faire une pause maintenant.

Quand j’arrive devant l’hôtel, il faut téléphoner. Je suis furax ! Je dois m’asseoir. Je vais boire un coup à une terrasse. Une heure plus tard je reviens. Toujours personne. Encore une fois, un homme arrive à vélo. Il l’attache juste devant l’hôtel. Je lui demande si il connaît le propriétaire. Oui. Il faut l’appeler pour qu’il vienne. C’est sa façon de fonctionner. Le monsieur me propose de l’accompagner dans sa boutique… d’alcool en tous genres. 😉

Il appelle la personne concernée qui doit arriver dans 10 mn. Nous discutons. Il rentre à peine de vacances en Sardaigne et venait voir si tout allait bien dans sa boutique. Je lui parle de La Via Francigena. De mes problèmes de chaussures. Et en profite pour lui demander où se trouve Décathlon. C’est loin et il n’est pas sûr que je puisse y aller en bus. Le propriétaire arrive. En fait, ce n’est pas un hôtel comme annoncé dans le topo-guide. La personne loue une, ou plusieurs chambres. Je remercie le monsieur de la boutique pour sa gentillesse. En 5 mn j’ai loué la chambre pour deux nuits. Le type a encaissé très vite son argent, m’a expliqué quelques détails en deux minutes, et s’en est allé. Plus tard, je me rends compte qu’il ne reste que trois gouttes de liquide vaisselle. Je ne peux m’empêcher de le trouver pitoyable. Tout s’est passé tellement vite que je n’ai pas pensé à lui faire tamponner ma credancial. Tant mieux. Je me dis que quelqu’un d’autre le mérite davantage.

Je redescends à la boutique d’alcool. Je demande au monsieur de m’expliquer comment aller chez Décathlon demain matin. Il me propose de m’y emmener ! J’avais raison, c’est bien lui qui doit me tamponner et signer mon passeport du pèlerin. Il le fait avec plaisir. Nous échangeons nos prénoms. Il s’appelle Paulo. Rendez-vous est pris pour demain matin, à 10h.

Moi aussi je crois que Dieu voyage toujours incognito…

A bientôt !

Mahdi du Camino

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4 réponses à Les anges gardiens…

  1. Geneviève dit :

    bravo. Mais le dépassement de soi-même n’est il pas une source de bonheur, de satisfaction.?Pauvres pieds!…..

  2. Je suis d’accord avec vous, Mme Chaigneau. Mais là, il faut vraiment que je règle ce problème. Je ne m’magine pas endurer ça jusqu’à Assise. Ou, disons plutôt que je préfèrerais l’éviter.
    Bonne journée !

  3. Patricia dit :

    Mahdi, appréhendes-tu ce chemin comme les autres à la lumière de tes dernières lectures ..?
    Bien sûr, il est évident que chaque voyage unique et que l’on est porté par des aspirations différentes.
    Prends soin de toi.
    Bisous

    • Le piège, difficile à éviter, est de rester dans une comparaison permanente avec le Camino. Je pense l’avoir éviter. Au sens profond du terme. Ça m’a permis de comprendre que j’avais d’autres choses à apprendre sur La Via Francigena. L’apprentissage se fait doucement,, douloureusement parfois, mais il s’intensifie.
      Mes dernières lectures font office de terreau sur ces sentiers très rocailleux. A moi de choisir quoi cultiver.
      Merci pour ton message.
      Bisous.

      PS : c’est marrant, je repense souvent à un passage de « La guerre des étoiles » qui m’a profondément marqué. Le maître Yoda envoie le jeune Luke Skywalker affronter une épreuve. Ces derniers mots sont : « Les seules peurs que tu trouveras seront celles que tu as amenées avec toi. »

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