Baptême du feu… par l’eau !

Salut !

Aoste-Chatillon

 

A lire l’étape du topo-guide, ça devait être le baptême du feu aujourd’hui. Arrivé à Aoste très fatigué hier, je redoutais un peu cette étape. Pas tant par la longueur ou les commentaires du guide que par mon état physique général. Après seulement quatre jours de marche je ne suis pas encore en vitesse de croisière. Mes jambes, mes talons, les p!antes de pied, tout me fait trop mal. J’arrive à l’étape dans le même état tous les soirs. Hier soir, à Aoste donc, l’hôtel était situé à environ 1,5 km du centre-ville. Distance que j’ai refaite en soirée pour rien, le cyber café étant fermé. Bref, je me suis couché cassé, pensant vite m’endormir. J’ai pu entendre qu’un gros feu d’artifices était tiré. J’ai même regretté de ne pas être sorti puisque je n’arrivais pas à dormir. Je me souviens avoir regardé mon réveil à 3h24 ! J’ai du sombrer peu après. J’ai donc eu le temps de penser à la fameuse étape. J’avais même pensé me reposer une journée à Aoste que je n’ai pas eu le temps de visiter. Ça a avait l’air sympa.

Je me suis quand même levé comme prévu, j’ai déjeuné. Les patrons de l’hôtel, très serviables, m’ont laissé me servir de leur PC pour faire ce que je prévoyais de faire au cyber café. Et j’ai repris la route. Non sans les avoir bien remercié. Il était presque 9h.

Il fait beau. Il fait très bon. Tellement bon qu’en cinq minutes je suis en nage !  Le fait d’avoir peu dormi me donne très très chaud. Ou c’est l’andropause ! 😉 Le guide, mettant en garde contre le balisage italien, préconise un itinéraire différent. Je choisis de laisser leur chance aux balises. Après tout, les choses ont peut-être changées depuis la parution du guide. Très vite je vois que le balisage ne ressemble pas à ce que j’ai l’habitude de suivre. Mais je crois déceler une espèce de logique derrière cette fantaisie apparente. Je commence donc l’étape. Et me retrouve à flanc de montagne, au lieu d’être dans la vallée, avec le bruit de la circulation. Je suis content. Sauf que sur ce tracé, il n’y pas de boutique. Pas grave, on verra plus tard. Il fait de plus en plus beau. Je filme, photographie, tourne la tête dans tous les sens. Je ne veux rien rater ! Surtout pas ces montagnes qui maintenant veillent sur moi. Nus (ça se dit « Nousse ») est le petit bled où le topo-guide met en garde contre un balisage inexistant. J’en suis encore loin et profite de la promenade.

Je fais une bonne pause au  » Castello di Quart » (le château de cartes ? 😉 ). Le ciel se couvre touuut doucement. J’ai parcouru environ un quart de la distance. J’y vais tranquille. Avec les balises, on sympathise. J’évite les fourmis qui s’affairent. Les limaces et les escargots qui prennent leur temps. J’apprécie le vol de nombreux papillons de couleurs différentes. J’écoute les oiseaux et… un grillon me saluer. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes… sauf que tout va brusquement changer. Des hirondelles volent bas. Les fourmis sont rentrées. Les papillons sont beaucoup moins nombreux. Tout comme les balises !!! J’ai de plus en plus de mal à les trouver. Même la fameuse logique ne tient plus la route (c’est le cas de le dire !). Comme je dois monter et descendre pour vérifier, et que j’ai déjà très mal aux jambes, je commence à trouver ça moins drôle. Le ciel continue à changer de couleur. De gros nuages arrivent des sommets. J’arrive à Nus… et me rends compte que le topo-guide avait raison. Impossible de me situer. Je cherche et finis par être excédé. Le soleil a disparu. Le ciel est bien couvert. De rage, je descends dans la partie basse du village et demande comment passer sur l’autre rive. On m’explique par où passer. Je me tape deux kilomètres pour aller sur la départementale qui va à Châtillon. Au moins je sais où je vais. Car à suivre les balises je n’étais même plus en mesure de retomber sur l’itinéraire du guide. Du grand n’importe quoi, me dis-je. Carrément du foutage de gueule amateur !

On m’annonce 15 kms pour arriver à Châtillon. 15 bornes de béton. Pas bon pour mes pieds déjà bien souffrants. Tant pis, je n’ai pas le choix. Me voilà donc sur le versant de la montagne opposée. Je peux deviner où j’étais censé marcher. Il commence à pleuvoir. D’abord doucement. Un peu plus fort. Je m’arrête pour nous protéger mes affaires et moi. Et je repars. Pas agréable ces trottoirs pavés. Une horreur, en fait. Mais je m’en fous, je sais que je vais y arriver. Je me dis même que je vais y être bientôt.

Je rejoins la nationale principale. Ça grouille de monde, il n’y pas de place pour qu’un piéton circule. Les conducteurs sont surpris et donnent des coups de volant. Je n’ai pas d’autre choix que de continuer. Parfois, quand c’est une camionnette, je m’arrête carrément. Je ne suis pas tranquille. La pluie n’arrange rien. Enfin, je crois deviner une alternative. Un policier local me confirme que je peux récupérer le chemin (et ses fichues balises !) à 200 mètres. C’est bien le cas. Encore deux heures de marche. Je sais déjà qu’avec tous mes détours j’aurai largement dépasser les 30 kms prévus. Ce que je ne sais pas, c’est que ce n’est pas fini.

Il pleut toujours et assez abondamment. Le chemin monte méchamment. J’ai tellement mal que je ne peux plus plier mes jambes correctement. Du coup, on dirait que je marche avec des chaussures de ski ! 😉

Je suis les balises. Serein. Content d’être à nouveau sur les hauteurs, loin du vacarme routier. Quand tout à coup je ne vois de nouveau plus de balisage. J’ai bien l’impression d’être sur un sentier fréquente.. mais non. Plus j’avance, plus ça s’épaissit. La pluie s’accentue à ce moment-là. Je reviens sur mes pas. Rien. Je continue et finit par être complètement perdu. Visiblement, une ou deux personnes ont vécu la même chose que moi. Je marche à l’aveuglette dans des herbes hautes. Impossible de franchir certains murets de pierres. Mon sac est trop lourd, et je n’arrive plus à plier suffisamment les jambes. Ça va durer une bonne demi-heure, où j’enrage de me perdre si près de l’étapprie suis trempé. De la tête au pied. Mes affaires sont au sec, donc je ne me fais pas de souci. Après avoir bataillé comme un fou, manqué de tomber au moins dix fois, je réussis à escalader un de ces fameux murets. A peine franchi, je pose les pieds sur… le sentier que j’avais perdu. Une histoire de fou ! La prochaine balise m’annonce 1h25. Je m’en fiche ! A partir de Nus, je m’étais mis en mode « pas de limite ». C’est un truc pour ne pas relâcher l’effort tant que je ne suis pas arrivé à l’hébergement. Et c’est très efficace !

Je finirai la dernière demi-heure en adoptant un drôle de comportement. Étant trempé, je devrais être pressé d’arriver. Je le suis, mais je prends mon temps devant chaque balise réduisant l’écart qui me sépare de Châtillon. Maso, moi ? Non. C’est juste une façon de se contrôler. Ça aide les jours où les choix nous sont imposés.

Ce matin, j’ai prié devant une statue représentant Notre Dame des Victoires. Il faisait encore beau à ce moment-là. Eh bien, ma victoire je l’ai bien appréciée. A l’arrivée j’étais bien plus en forme qu’hier. Je suis même allé manger avant de me laver. Pour pouvoir m’occuper tranquillement du Blog.

Je suis parti vers 9h. J’ai eu accès à ma chambre peu après 19h. Je vous avais prévenu que la journée serait longue. Le baptême du feu a cédé la place à celui de l’eau.

Aujourd’hui, j’ai été initié et accepté par le Chemin. Je peux continuer. Et ce, quel que soit le temps.

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6 réponses à Baptême du feu… par l’eau !

  1. Brigitte Latour dit :

    Félicitations Mahdi pour ta persévérance , je compatis cela a dû être dur surtout l absence de balisage quand on est épuisé

    • Merci, Brigitte. Je suis heureux quand je marche, donc pas très porté sur a critique. J’en avais lu beaucoup ici et là. Mais force est de reconnaître que c’est hyper mal fichu. Des fois j’en ris tellement c’est mal fait.

  2. Maurice dit :

    J’aime te lire. Je t’accompagne en pensée. Petite pensée pour toi à explorer?  » je suis heureux quand je marche »
    Bonne route.

  3. Françoise dit :

    C’est palpitant. Tu vois, tu traces ton chemin.
    Tu persévères, tu oses les murets, je salue ton courage mon Chéri même si tu me fais des frayeurs à retardement…
    Bon baptême l’initié

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